Rencontre avec le fondateur de l'EUPA

Rencontre avec Marc DESCHENAUX, Fondateur de l'Agence de Presse Européenne EUPA

Tout d’abord, pourquoi avez-vous décidé de créer l’EUPA ?
Eh bien, je pense que le monde des médias a beaucoup évolué ces dernières années, contrairement à ses structures de soutien. On observe aujourd'hui une orientation indépendante croissante, certains médias étant entièrement gérés par une seule personne.
Ceux-ci en particulier ne bénéficient généralement pas de l'aide d'une agence, ni de celle de leurs pairs. Il me paraissait donc essentiel de leur apporter une légitimité, afin de renforcer leur position et leur conférer une véritable reconnaissance professionnelle. Être membre d'une agence de presse permet également à tous les producteurs de contenus de faire valoir leurs droits, trop souvent niés ou bafoués.

Qu’est-ce qui différencie l’EUPA des autres agences de presse existantes ?
Comme leur nom l’indique, les agences de presse s’occupent de la presse, tandis que l’EUPA est une agence média. Nous ne nous limitons pas aux journaux ou aux chaînes de télévision, mais proposons également nos services à toutes les formes de médias, y compris les hybrides, qui créent par nature une média-diversité, comme les influenceurs ou les blogueurs. En conséquence, l'EUPA constitue une meilleure réponse à la situation intrinsèque du secteur et une réponse plus large aux besoins de ses acteurs.

Selon vous, quelle est la fonction des informateurs dans le monde actuel ?
Aujourd’hui, tout le monde est un informateur potentiel. La proportion d’informations couvertes a augmenté de façon exponentielle, car chaque individu possédant un smartphone est déjà équipé d’un microphone, d’un enregistreur et d’une caméra. La multiplication des sources de données augmente à la fois la quantité d'informations disponibles et le nombre de moyens d'audit. De nos jours, un informateur joue un rôle de premier plan, et peut même avoir un impact significatif. Dans les cas documentés d'action policière, comme par exemple les scandales de Georges Floyd et de Daniel Prude, l'influence des informateurs était clairement perceptible.

Qu'est-ce qu'un travail journalistique qualitatif ?
Cette question entraînera une très longue réponse. Il s’agit au départ d’une présentation des faits, idéalement replacés dans leur contexte. On peut également s'attendre à une synthèse de la part de l'auteur. Malheureusement, dans de nombreuses émissions, articles, enquêtes et publications, les controverses l’emportent sur les faits. Aujourd’hui, on aurait tendance à considérer comme qualitatif un travail journalistique politiquement correct. Cependant, le politiquement correct est précisément ce que les médias ne devraient pas être…
Les médias sont responsables du regard du public sur les faits, les institutions, les situations et la justice, avec le pouvoir immense qu’ils leur confèrent. Ils doivent donc rester neutres, ou du moins présenter les faits de manière impartiale et critique. Les regards qui tuent doivent être évités. Par exemple, lorsque la presse suisse parle de start-up ou de nouveaux entrepreneurs, elle se concentre souvent sur les risques et les échecs. Et puis, tout le monde se plaint du manque d’emplois disponibles !

Quel est votre point de vue personnel sur la liberté d’expression et la censure ?
Pour moi, la liberté d’expression est quelque chose de fondamental, et l’EUPA s’implique fortement à son service. Dans certaines régions du monde, elle est gravement violée, voire annulée, par un grand renforcement de la violence. De nos jours, dans le monde occidental, je suppose que ce n’est plus vraiment menacé, grâce à Internet. La liberté d’opinion, à l’inverse, est gravement mise à mal. En effet, tout discours non politiquement correct aura tendance à être moqué ou tourné en dérision. Lorsque vous exprimez une opinion différente de la pensée dominante, vous finissez par être étiqueté, ostracisé et discrédité.

Quelle question ne vous ai-je pas posée et que vous auriez aimé que je vous pose ?
La question manquante est de savoir si l’EUPA sera en mesure de fournir aux influenceurs, aux blogueurs ou aux producteurs de contenu indépendants la même force de frappe que celle dont disposent les médias grand public. La réponse est que je ne sais pas si nous réussirons, mais nous ferons de notre mieux pour atteindre cet objectif !

Un entretien réalisé par Marie Majkowiez en avril 2021

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